mercredi 11 mars 2009

Delerm et les dessous affriolants des petites phrases


Saviez-vous que POINTS publie une collection consacrée au Goût des mots ? Paru en septembre 2008, le dernier recueil de nouvelles de Philippe Delerm, dans la lignée de la "Dernière gorgée de bière et plaisirs minuscules" sous le titre accrocheur de "ma grand-mère avait les mêmes - Les dessous affriolants des petites phrases" (avouez que c'est irrésistible ?!) porte un regard sucré salé sur toutes ces petites phrases aux allures innocentes mais lourdes de sens. Regard critique, caustique, ironique, peut-être un peu méchant parfois, mais assez tendrement. Toujours jubilatoire pour le lecteur.
Je ne ferais qu’un reproche à l’ouvrage : il se lit trop vite ! Des mois d’écriture pour un plaisir si vite englouti, quel dommage.
Quelques titres pour vous mettent le goût à la bouche :
« Ma grand-mère avait les mêmes, Il a refait sa vie, C’est le soir que c’est difficile, D’abord, Merci de prendre ma question, J’ai moins huit su’l’plateau, On ne vous fait pas fuir au moins ? Voilà, tu la connais l’histoire, Faut arrêter ! Du côté de mon mari… »
Un extrait :
« La munificence s’est exprimée sans contradiction possible. Une avancée impérieuse du bras droit, la franche résolution du regard : non, laissez, c’est pour moi. Parfois, une petite phrase justificative, du genre je suis sur mes terres, la prochaine fois je vous laisserai faire. Les autres ont protesté juste ce qu’il faut avant de concéder leur assentiment avec une once affichée de regret . Tout en poursuivant la discussion, il a sorti son carnet de chèques. Et c’est alors que la formule est tombée, légère en apparence, discrète, si naturelle dans le feu de l’action mais si lourde de sens : « par contre, je veux bien un stylo ».
Ah ! ce par contre, comme il est beau ! Oui, je dirige la manœuvre. Mine de rien, j’ai pris le dessus. Vous êtes désormais mes obligés. Allez, je ne vous demande pas grand-chose, ce sera votre modeste façon de mériter ma générosité ».


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