vendredi 8 janvier 2010

Belle du seigneur, Albert Cohen


Cruel et romantique à mort, satirique, superbement bien écrit : "Belle du seigneur" compte parmi les romans qui m'ont le plus marquée.
Amoureuse du beau Solal (comment résister ?), amusée par le spectacle afligeant d'Adrien Deum (le pâle époux d'Ariane, l'hérôïne passionnée du chef d'oeuvre d'Albert Cohen) et de ses parents, avec lesquels il forme une petite famille bourgeoise, mesquine et étriquée à souhait, "Belle du seigneur" m'a donné de bien belles heures...
"Belle du Seigneur est le récit de la passion intense qui unit Solal (le Directeur d'Adrien employé à la Société Des Nations) et Ariane, jeune femme fantasque et candide. Lorsque je lis le roman, je viens d'intégrer une institution consulaire Française dans laquelle je croise à longueur de journées de trop nombreux "Adriens" profilés comme les "ronds de cuir" de Courteline. Ainsi les scènes, les liens et les comprtements hiérarchiques qui unissent les personnages du roman sont pour moi particulièrement parlants. La passion d'Ariane et de Solal s'étiolera avec le temps tandis qu'ils trouveront le lieu et le loisir de la vivre pleinement. Je retiens les longs monologues d'Ariane dans son bain qui enchaînent sans poncuation les mots et les idées, un détail ouvrant une nouvelle réflexion, une pensée poussant l'autre ; les poigners aux attaches fines, la délicatesse, l'intelligence brillante de Solal (et son regard ténébreux) - Solal est issu d'une famille de juifs de Thessalonique aussi fantasques qu'originaux qu'on peut retrouver dans "Mangeclous" et "Les Valeureux" ; la superficialité dans laquelle s'installe l'amour d'Ariane et de Solal ; les scènes pathétiques auxquelles se livrent Adrien et ses parents, notamment lorsqu'ils reçoivent chez eux, pour la première fois, Solal, le patron de leur fils, mettant les petits plats dans les grands, voulant paraître tout en courbant l'échine...
Laissez-vous faire, entrez dans l'univers d'Albert Cohen et délectez-vous, le plaisir est unique !

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