mercredi 14 janvier 2009

Moravia, incontournable de la littérature italienne




Adapté au cinéma dans les années 60 par Jean-Luc Godard, Le mépris, qui met en scène Brigitte bardot et Michel Piccoli, est avant tout un roman d'Alberto Moravia. Vous vous souvenez du film Le fanfaron, de Dino Risi, avec Vittorio Gassman ? Vous avez aimé Parfum de femme du même Dino Risi, toujours avec Vittorio Gassman ? Et vous souvenez-vous de Nous nous sommes tant aimés ? Réalisé par Ettore Scola ? Si vous aimez ce cinéma, s'il vous charme et vous transporte, ne passez-pas à côté d'Alberto Moravia, maître d’œuvre de la littérature italienne.


Dans Nouvelles romaines, l'auteur nous plonge au coeur du "petite peuple" de Rome, "sa patrie profonde et pittoresque, et le lieu d'un certain bonheur d'être" sur des airs de dolce vita. Agostino, plus noir, évoque le trouble et le désarrois d'un adolescent de 13 ans face à la réalité rugueuse de la vie ; Le conformiste raconte le destin assassin de Marcello, désarçonné par la vie, qui décide de devenir furieusement "normal" et met alors le doigt dans l'engrenage du fascisme ; L'amour conjugal la désagrégation d'un couple, décrite encore avec cette même distance alors que l'on se sent pénétrer au plus profond des personnages.
Mais revenons-en au Mépris : "Durant les deux premières années de mon mariage, mes rapports avec ma femme furent, je puis aujourd'hui l'affirmer, parfaits (...). L'objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l'aimer et à ne pas la juger, Emilia au contraire découvrit ou crut découvrir certains de mes défauts, me jugea et, en conséquence, cessa de m'aimer". L'écriture et le propos sont francs, transparents, directs, à la manière de celui qui s'exprime librement au sortir d'une analyse. Chez Moravia, toujours cette distance, et en même temps cette précision emprunte de naïveté, pour décrire ce qui relève parfois de la pire noirceur. Poussant toujours très loin l'analyse de la psychologie de ses personnages, Moravia nous place au coeur de nos préoccupations humaines : les relations de couple, les relations familiales, le poids de la société et des conventions sociales, et leur impact sur les sentiments. A découvrir si cela n’est déjà fait.

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