mardi 2 juin 2009

Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil


Au début, l’histoire nous semble presque banale, l’écriture est sage, chaque mot est bien à sa place. Puis très vite, surprise avec de très belles envolées poétiques, des propos d’une sensibilité et d’une délicatesse extrêmes, avec par exemple, cette description que nous fait le héros, Hajime, de son amie Shimamoto-san : « Elle était sans doute trop posée et trop lucide pour eux. Certains prenaient ça pour de la froideur ou de la sensibilité dissimulées derrière son apparence extérieure. C’était un trésor vivant caché au fond d’elle, qui ne demandait qu’à être découvert un jour, comme un enfant qui joue à cache-cache »…et cette très belle phrase pour conclure : « Il m’arrivait parfois, au détour d’une phrase ou d’une expression, d’en apercevoir l’ombre. » C’est avec elle qu’il a connu la première fois l’amour alors qu’il a une douzaine d’années. La vie les sépare, mais à l’aube de la quarantaine, Hajime retrouve la jeune femme au risque de briser la vie tranquille et paisible qu’il s’est construite. La simplicité et le choix du mot juste nous étonne. Ainsi dit-il : « Elle avait dû m’oublier, finalement. Je n’étais plus aussi important qu’autrefois. Cette idée m’était pénible. Un petit trou s’était creusé dans mon cœur. » Certaines scènes nous transportent dans l’irréalité, aux confins du rêve. On prend alors conscience qu’on s’est laissé doucement manipuler par l’auteur jusqu’à ressentir comme un vertige intérieur…

2 commentaires:

pascalitaa a dit…

Bravo pour cette belle Critique littéraire, digne de télérama (si, si...).
je vous recommande aussi de lire un autre bouquin du même auteur, "la ballade de l'impossible"....tout un programme me direz-vous
je vais bientôt attaquer "kafka sur le rivage"...il paraît que c'est très chouette, je vous dirai
signé "une souris verte"...

Nicolas a dit…

J'avoue ne pas du tout avoir accroché à ce roman. L'intrigue semble banale... normal, elle l'est... on s'ennuie, et la qualité de plume de Murakami ne suffit pas à rendre captivante cette lecture. Du même auteur, Kafka sur le rivage est bien supérieur: les personnages plus attachants, on y trouve plus de mystère et d'imagination, et le style encore plus limpide. Bref, pour découvrir ce grand écrivain japonais, il vaut mieux, à mon sens, commencer par Kafka sur le rivage.