« C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ces ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionette . ».
Parmi les ouvrages de Philippe Claudel, que je compte vraiment parmi les auteurs contemporains que j’ai le plus de plaisir à lire – citons « Les âmes grises » (prix Renaudot 2003), « Le café excelsior », un petit roman vite englouti mais néanmoins très agréable qui relate l’affection réciproque d’un petit garçon pour son grand-père (celui-ci tient un zinc), « Le monde sans les enfants », un recueil de nouvelles savoureuses, « Les petites mécaniques » un essai pas mal réussi (avec Claudel rien n’est à jeter) - « La petite fille de Monsieur Linh » est un ravissement. Roman original d’une grande sensibilité, il met en scène Monsieur Linh, émigré perdu en occident, venu d'un pays lointain (que l'on imagine être le Cambodge ou le Vietnam), terriblement marqué par la guerre (il a perdu tous les siens), se liant d'amitié pour Monsieur Bark, lui-même cabossé par la vie. Les deux hommes ne parlent pas le même langage. C'est leur douleur respective qui les réunit, une communication ne tarde pas à naître entre eux. Une amitié et l'absurdité humaine qui tout à coup surgit, nous laisse pantois.
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